Confinés au port du Moulin Blanc à Brest !
Port du Moulin Blanc à Brest
Nous sommes confinés au ponton depuis le 17/03 date à laquelle nous avons du faire escale à Brest pour réparer quelques avaries survenues lors de notre première navigation au départ de La Rochelle. Certains pensent que c'est une chance que nous ayons du nous arrêter pour réparer, en effet nous aurions certainement essuyé un refus d'entrer au port de Copenhague par les autorités maritimes Danoise à notre arrivée prévue entre le 27 mars et 02 avril.
Le port du Moulin Blanc est normalement bien abrité mais là avec un vent de Nord-Est et avec plus de 30 nœuds établis et des pointes à 50 le bateau est plaqué sur le ponton et les vagues passent même par dessus bord. Prenons notre mal en patience ça doit s'arranger en fin de semaine.
Je ne sais pas si c'est le confinement, mais nous ne faisons jamais de politique encore moins de prédiction alarmiste mais dans cette période improbable nous nous sentons obligé de lacher notre colère et nous nous excusons par avance pour ça !
Nous sommes comme tous en attente d'une date de sortie, mais nous n'avons que peu d'espoir de la voir arriver avant fin avril début mai ! En effet si le gouvernement tient compte des avis des spécialistes il faudra une troisième période de confinement pour vérifier si la contamination est en baisse. Si elle n'est pas en baisse à cette période comme prédit par plusieurs scientifiques...alors là...
Nous avons tous des proches qui sont touchés par cette saloperie de virus et savons pertinemment que le seul moyen de l'enrayer est de rester chez nous confiné au maximum pour éviter la propagation et d’aggraver la situation.
Tous les jours notre petite routine nous mène tout de même aux sanitaires du port à environ 300m, nous restons à distance des autres marins qui sont aussi comme nous bloqués au port. Tous les deux ou trois jours c'est un tour à la boulangerie qui est à environ 600m pour acheter du pain frais et une fois par semaine les courses de produits frais à l'Intermarché qui lui est à 1,6km du bateau. Nous utilisons des gants jetables et portons un foulard sur le visage, on dirait des terroristes mais l'important c'est de nous protéger mais aussi de protéger les personnes qui travaillent et ont le courage ou l'obligation de le faire, merci à eux !
N'oublions pas que ceux que nous appelons des héros aujourd'hui le sont tous les jours depuis des années, s'ils sont des héros c'est surtout que maintenant nous prenons conscience du peu de moyens qui leurs ont été laissé par les politiques agressives de nos gouvernements successifs qui ont privilégié l'économie de grande échelle à une économie de proximité et diminuer les moyens de nos services de santé qui à ce jour démontrent une réelle insuffisance pour endiguer ce genre d’événement exceptionnel.
La lettre d'Annie ERNAUX lue sur France Inter (radio nationale publique française ) est représentative de ces faits :
"Monsieur le Président, je vous fais une lettre / Que vous lirez peut-être / Si vous avez le temps ». À vous qui êtes féru de littérature, cette entrée en matière évoque sans doute quelque chose. C’est le début de la chanson de Boris Vian Le déserteur, écrite en 1954, entre la guerre d’Indochine et celle d’Algérie. Aujourd’hui, quoique vous le proclamiez, nous ne sommes pas en guerre, l’ennemi ici n’est pas humain, pas notre semblable, il n’a ni pensée ni volonté de nuire, ignore les frontières et les différences sociales, se reproduit à l’aveugle en sautant d’un individu à un autre. Les armes, puisque vous tenez à ce lexique guerrier, ce sont les lits d’hôpital, les respirateurs, les masques et les tests, c’est le nombre de médecins, de scientifiques, de soignants. Or, depuis que vous dirigez la France, vous êtes resté sourd aux cris d’alarme du monde de la santé et ce qu’on pouvait lire sur la banderole d’une manif en novembre dernier - L’état compte ses sous, on comptera les morts - résonne tragiquement aujourd’hui. Mais vous avez préféré écouter ceux qui prônent le désengagement de l’État, préconisant l’optimisation des ressources, la régulation des flux, tout ce jargon technocratique dépourvu de chair qui noie le poisson de la réalité. Mais regardez, ce sont les services publics qui, en ce moment, assurent majoritairement le fonctionnement du pays : les hôpitaux, l’Éducation nationale et ses milliers de professeurs, d’instituteurs si mal payés, EDF, la Poste, le métro et la SNCF. Et ceux dont, naguère, vous avez dit qu’ils n’étaient rien, sont maintenant tout, eux qui continuent de vider les poubelles, de taper les produits aux caisses, de livrer des pizzas, de garantir cette vie aussi indispensable que l’intellectuelle, la vie matérielle.
Choix étrange que le mot « résilience », signifiant reconstruction après un traumatisme. Nous n’en sommes pas là. Prenez garde, Monsieur le Président, aux effets de ce temps de confinement, de bouleversement du cours des choses. C’est un temps propice aux remises en cause. Un temps pour désirer un nouveau monde. Pas le vôtre ! Pas celui où les décideurs et financiers reprennent déjà sans pudeur l’antienne du « travailler plus », jusqu’à 60 heures par semaine. Nous sommes nombreux à ne plus vouloir d’un monde dont l’épidémie révèle les inégalités criantes, Nombreux à vouloir au contraire un monde où les besoins essentiels, se nourrir sainement, se soigner, se loger, s’éduquer, se cultiver, soient garantis à tous, un monde dont les solidarités actuelles montrent, justement, la possibilité. Sachez, Monsieur le Président, que nous ne laisserons plus nous voler notre vie, nous n’avons qu’elle, et « rien ne vaut la vie » - chanson, encore, d’Alain Souchon. Ni bâillonner durablement nos libertés démocratiques, aujourd’hui restreintes, liberté qui permet à ma lettre – contrairement à celle de Boris Vian, interdite de radio – d’être lue ce matin sur les ondes d’une radio nationale.
Annie Ernaux
Aussi surprenant que cela puisse paraitre Bill Gates il y a trois ans annonçait que le plus grand danger des prochaines années était de voir apparaitre un virus mortel à l'échelle mondial et qu'aucun pays n'était prêt à y faire face.
Que raconte au juste Bill Gates dans cette vidéo ?
Pull-over rose et grosses lunettes noires, le milliardaire américain débarque sur scène en poussant devant lui une sorte de baril nucléaire. Et va droit au but : « Quand j'étais gamin, la catastrophe dont on avait le plus peur était une guerre nucléaire (...) Mais aujourd’hui, le plus grand risque de catastrophe mondiale ne ressemble pas à ça. Il ressemble à ça. » Et de montrer, sur son diaporama, la modélisation en noir et blanc du virus H1N1.
« Si quelque chose tue plus de 10 millions de gens dans les prochaines décennies, ça sera probablement un virus hautement contagieux plutôt qu'une guerre, avertit ensuite le cofondateur de Microsoft. Pas des missiles, mais des microbes. Une des raisons est que l'on a investi énormément dans la dissuasion nucléaire, mais qu'on a très peu investi dans un système pour arrêter les épidémies. Nous ne sommes pas prêts pour la prochaine épidémie. »
Ci-joint le lien pour visionner sa conférence qui paraissait à l'époque quelque peu alarmiste, aujourd'hui nous savons qu'elle ne l'était pas : https://www.nouvelobs.com/coronavirus-de-wuhan/20200315.OBS26080/bill-gates-et-la-cia-avaient-prevu-la-pandemie-et-nous-ne-sommes-pas-prets.html
Rappelons nous qu'en 2016, l’épidémie d’Ebola a tué environ 11’000 personnes. Or, selon le modèle prédictif d’une étude publiée le 15 octobre dans Nature, et relayée par New Scientist, le changement climatique accroîtrait la diffusion du virus Ebola. Le réchauffement climatique n’est pas le seul facteur environnemental à augmenter le risque d’épidémies. Selon une étude de l’Université de Stanford, la déforestation de l'Amazonie semble faciliter la propagation de la malaria. Ces deux études illustrent comment la destruction de l'environnement pourrait entraîner la propagation de maladies humaines mortelles par le biais d'animaux et d'autres organismes.
Les changements climatiques, les virus mortels à l'échelle mondiale, la course au pognon, la désinformation par nos médias,...tous ces points devraient nous faire changer de vision du moins nous aurions intérêt à changer car sinon nous risquons à coup sur de perdre nos acquis tels que nous les connaissons aujourd'hui, qu'allons nous laisser à nos enfants ?
L'homme me surprend. il sacrifie sa santé pour gagner de l'argent. Ensuite, il sacrifie de l'argent pour recouvrer sa santé. Et il est si inquiet pour l'avenir qu'il ne profite pas du présent; le résultat étant qu'il ne vit ni dans le présent ni dans le futur; il vit comme s'il ne mourrait jamais, puis mourait sans avoir vraiment vécu.
Après ce coup de gueule gardons tout de même le moral, alors comme tous nous nous occupons...
Stéphanie fait une sortie vélo d'une demi-heure tous les jours loin de toute vie autour du port, elle cuisine, nettoie, range,...bref comme toute hyperactive elle n'arrête pas !
De mon coté je me suis fait une To-do List des choses à améliorer sur le bateau...et je m'aperçois qu'il y en a beaucoup !
Zouzouille de son côté a du trouver une bouche d'égout apparemment très attractive puisque qu'elle quitte le bateau en pleine nuit pour ne revenir que le soir venue...avec une petite odeur très sympathique !!! Hier elle est rentrée sans son collier (qui a une attache spéciale pour se décrocher en cas de blocage) et surtout sans sa médaille avec notre numéro de téléphone, le problème c'est qu'il ne nous en restait qu'un seul donc espérons que celui-ci tienne un peu plus longtemps.
Donc le coté positif de cet arrêt c'est que nous repartirons plus serein sur la fiabilité des équipements et aussi moins fatigués qu'à notre départ le 14 mars, en effet les semaines précédentes ont été consacré à finaliser le montage des derniers équipements du bateau et à la préparation de notre grand départ, donc énormément de choses à faire avec des nuits plutôt courtes ! Après plus d'un mois de confinement nous repartirons dans de bien meilleures conditions.
Cette première partie du voyage ne fait pas rêver, nous en sommes conscients, mais nous devons continuer à nous battre et à croire en nos rêves !
Les éventuelles réparations à faire sur le bateau ne sont pas une surprise car c'est un loisir mécanique et la fiabilisation faisait partie du plan de commencer à naviguer le long des cotes Françaises...mais une pandémie et un confinement au niveau mondial alors là c'est plutôt de la science fiction...on se croirait dans un roman de Stephen KING !
Dans tous les cas portez-vous bien et surtout restons tous le plus possible chez-nous !
Bon vent et à bientôt pour de nouvelles aventures que nous espérons plus gaies,
Jérôme, Stéphanie et Zouzouille